Un homme de la campagne, qui
avait une source d'eau limpide, transportait tous les jours de l'eau dans
deux cruches, dont une fissurée, et allait la vendre à la ville.
Chemin
faisant, la cruche fissurée perdait de l'eau petit à petit, si bien que
rendu à la ville, l'homme ne vendait qu'une cruche et demi d'eau.
Au
retour, la cruche fissurée se dit qu'elle devait tenir à son
propriétaire le propos suivant: Maître, peut-être ne vous êtes pas
rendu compte que je perds la moitié de l'eau en venant à la ville. Vous
devriez me remplacer par une belle cruche sans fissure comme ma compagne.
Le
maître lui répondit doucement : Ma belle cruche fissurée, je sais depuis
fort longtemps que tu perds la moitié de ton eau. Regarde le rebord de la
route : tu vois les jolies fleurs qui y poussent. C'est ton eau qui,
lentement, sans que tu le saches les arrose tous les jours. Le soleil et la
terre font le reste. » - « Mais , maître,...» - « Non, non, ces fleurs
ne sont pas là par hasard. Me rendant compte de tes fissures, j'ai acheté
des graines de fleurs et je les ai dispersées tout le long de la route: je
voulais avoir des fleurs-là et pas d'autres. »
Tu
sais, ma belle âme, tu te sens assez inutile, parfois, quand tu regardes
toutes tes fissures, anciennes ou nouvelles, longues, étroites, profondes
ou superficielles. Je les vois, moi aussi, et je les connais avant que
toi-même t'en aperçoives. Mais tout au long de ta route, sans que tu le
saches, j'ai mis des fleurs que tu arroses à ton insu. Fais-moi confiance,
continue à me servir tant que tu peux, aime-moi; je t'aime tellement, tu
sais ! Ce qui est important, ce n'est pas de te regarder imparfaite, mais
de me regarder, moi, qui sais où répandre ton eau. Mon ange vous a déjà
dit : « Il vous précède en Galilée. » (Mc 16, 7)
Seigneur
Jésus, apprends-moi à tenir en toi, par toi et avec toi, ... parfois,
malgré moi.