Ressourcement chrétien

Rapport du Chancelier

Réunion de l'Assemblée générale du 16 janvier 2001

Conseil La Nativité de Notre Dame de Beauport 10017  

1-Introduction: 

Au terme du grand jubilé de l'an 2000, le Pape Jean-Paul II a adressé une lettre apostolique de 33 pages, intitulée NOVO MILLENNIO INEUNTE, aux membres de l'épiscopat, au clergé et aux fidèles que nous sommes. 

Il est bien sûr impossible de faire la lecture de cette lettre au cours des quelques minutes qui viennent, ni même d'en résumer tous les thèmes.  Je vais toutefois, avec l'accord de l'Exécutif, tenter d'en effectuer une synthèse pour le bénéfice le la présente Assemblée.  À cette fin, je citerai de larges extraits du texte, ce qui évitera le plus possible les interprétations malheureuses que je pourrais en faire.  Les intéressés pourront consulter le document intégral à tête reposée par la suite. 

2-Le contenu 

Dans sa lettre, le Saint Père aborde essentiellement trois questions qui nous concernent directement: a) l'Action de grâces, b) le dynamisme de l'Église et c) l'évangélisation que j'aborderai tour à tour. 

A) L'actions de grâces

Jésus, après avoir de la barque de Simon parlé aux foules, invita l'Apôtre à "avancer au large" pour pêcher: "Duc in altum (Lc 5,4).

Cette parole résonne aujourd'hui pour nous et elle nous invite à faire mémoire avec gratitude du passé, à vivre avec passion le présent, à nous ouvrir avec confiance à l'avenir: "Jésus Christ est le même, hier et aujourd'hui, il le sera à jamais" (He 13,8).

C'est pourquoi je sens le besoin de m'adresser à vous qui m'êtes chers, pour partager le chant de la louange. Dès le début de mon pontificat, j'avais pensé à cette Année sainte 2000 comme à une échéance importante.

Et par-dessus tout, chers Frères et Sœurs, nous avons le devoir de nous projeter vers l'avenir qui nous attend.... Il faut maintenant mettre à profit la grâce reçue, la transformant en fermes propos et en lignes d'action concrètes. C'est là une tâche à laquelle je désire inviter toutes les Églises locales

Il est donc temps maintenant que chaque Église, en réfléchissant sur ce que l'Esprit a dit au peuple de Dieu durant cette année spéciale de grâce... se livre à un examen de sa ferveur et trouve un nouvel élan pour son engagement spirituel et pastoral.

Je pense tout d'abord à la dimension de la louange. C'est en effet de là que part toute réponse authentique de foi en la révélation de Dieu dans le Christ. Le christianisme est grâce; c'est la surprise d'un Dieu qui, non content de créer le monde et l'homme, s'est mis à la hauteur de sa créature et, après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé par les prophètes, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils ! (He 1,1-2).

"Aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur" (Lc 2,11).

Deux mille ans ont passé, mais les pécheurs qui ont besoin de miséricorde et qui n'en a pas besoin trouvent toujours une consolation dans cette aujourd'hui du salut qui, sur la Croix, ouvrit les portes du Règne de Dieu au larron repenti: "Amen, je te le déclare: aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis" (Lc 23,43).

...le Christ est le fondement et le centre de l'histoire, il en est le sens et le but ultime. C'est en effet par lui, Verbe et image du Père, que "tout a été fait" (Jn 1,3; cf. Col 1,15-16).

Et tout en contemplant le Christ, nous avons adoré en même temps le Père et l'Esprit, la Trinité unique et indivise, mystère ineffable dans lequel tout a son origine et tout a son achèvement.

B) Le dynamisme de l'Église

Mais si nous voulions ramener à son noyau central le grand héritage qu'elle (l'année jubilaire) nous laisse, je n'hésiterais pas à le situer dans la contemplation du visage du Christ, lui qui est considéré dans ses traits historiques et dans son mystère, accueilli dans sa présence multiple dans l'Église et dans le monde, proclamé comme sens de l'histoire et lumière sur notre route.

Ce que nous avons fait cette année ne saurait justifier une sensation d'assouvissement, et encore moins nous amener à une attitude de démobilisation. Les expériences vécues doivent au contraire susciter en nous un dynamisme nouveau qui nous incitera à investir en initiatives concrètes l'enthousiasme que nous avons éprouvé. Jésus lui-même nous avertit: "Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas fait pour le Royaume de Dieu" (Lc 9,62). Dans la cause du Royaume, il n'y a pas de temps pour regarder en arrière, et encore moins pour s'abandonner à la paresse.

Il importe toutefois que ce que nous nous proposerons, avec l'aide de Dieu, soit profondément enraciné dans la contemplation et dans la prière. Notre époque est une époque de mouvement continuel, qui va souvent jusqu'à l'activisme, risquant facilement de "faire pour faire". Il nous faut résister à cette tentation, en cherchant à "être" avant de "faire". Rappelons-nous à ce sujet le reproche de Jésus à Marthe: "Tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire" (Lc 10,41-42). Dans cet esprit, avant de proposer à votre réflexion certaines lignes d'action, je désire partager avec vous quelques éléments de méditation sur le mystère du Christ, fondement absolu de toute notre action pastorale.

La contemplation du visage du Christ ne peut que nous renvoyer à ce que la Sainte Écriture nous dit de lui, elle qui est, du début à la fin, traversée par son mystère, manifesté de manière voilée dans l'Ancien Testament, pleinement révélé dans le Nouveau Testament, au point que saint Jérôme affirme avec vigueur: "L'ignorance des Écritures est l'ignorance du Christ lui-même".  En restant ancrés dans l'Écriture, nous nous ouvrons à l'action de l'Esprit (cf. Jn 15,26), qui est à l'origine de ces écrits, et au témoignage des Apôtres (cf. ibid., 27), qui ont fait la vivante expérience du Christ, le Verbe de vie, qui l'ont vu de leurs yeux, entendu de leurs oreilles, touché de leurs mains (cf. 1 Jn 1,1).

On ne parvient vraiment à Jésus que par la voie de la foi, à travers un chemin dont l'Évangile lui-même semble déterminer les étapes dans la scène bien connue de Césarée de Philippe (cf. Mt 16,13-20). Comme s'il voulait faire un premier bilan de sa mission, Jésus interroge les disciples sur ce que "les gens" pensent de lui... "Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?" (Mt 16,15). Seule la foi professée par Pierre, et avec lui par l'Église de tous les temps, conduit au "Cœur", atteignant la profondeur du mystère: "Tu es le Messie, le fils du Dieu vivant!" (Mt 16,16).

Comment Pierre est-il parvenu à une telle foi? Et que nous est-il demandé, si nous voulons suivre ses traces d'une manière toujours plus convaincue? Matthieu nous donne une indication éclairante dans les paroles par lesquelles Jésus accueille la confession de Pierre: "Ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux" (Mt 16,17). L'expression "la chair et le sang" évoque l'homme et le mode commun de connaissance. Dans le cas de Jésus, ce mode commun ne suffit pas. Une grâce de "révélation" qui vient du Père (cf. ibid.) est nécessaire. Luc nous offre une indication qui abonde dans le même sens lorsqu'il note que ce dialogue avec les disciples se déroula tandis que, "un jour, Jésus priait à l'écart" (Lc 9,18). Ces deux indications convergentes nous font prendre conscience que nous n'entrons pas dans la pleine contemplation du visage du Seigneur par nos seules forces, mais en laissant la grâce nous prendre par la main. Seule l'expérience du silence et de la prière offre le cadre approprié dans lequel la connaissance la plus vraie, la plus fidèle et la plus cohérente de ce mystère peut mûrir et se développer.

Oui, Jésus est vrai Dieu et vrai homme! Comme l'Apôtre Thomas, l'Église est sans cesse invitée par le Christ à toucher ses plaies, c'est-à-dire à reconnaître sa pleine humanité reçue de Marie, livrée à la mort, transfigurée par la Résurrection: "Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté" (Jn 20,27). Comme Thomas, l'Église se prosterne, adorant le Ressuscité dans la plénitude de sa splendeur divine, et elle s'exclame en permanence: "Mon Seigneur et mon Dieu!" (Jn 20,28).

Jésus est "l'homme nouveau" (cf. Ep 4,24; Col 3,10) qui appelle l'humanité rachetée à participer à sa vie divine.  Les Pères ont beaucoup insisté sur cette dimension (...) du mystère de l'Incarnation: c'est seulement parce que le Fils de Dieu est devenu vraiment homme que l'homme peut, en lui et à travers lui, devenir réellement fils de Dieu.12 3

Chers Frères et Sœurs, le cri de Jésus sur la Croix n'exprime pas l'angoisse d'un désespéré, mais la prière du Fils qui offre sa vie à son Père dans l'amour, pour le salut de tous.

La contemplation du visage du Christ ne peut s'arrêter à son image de Crucifié. Il est le Ressuscité! S'il n'en était pas ainsi, notre prédication serait vaine et vaine notre foi (cf. 1 Co 15,14).

C'est vers le Christ ressuscité que désormais l'Église a les yeux fixés. Elle le fait en suivant les traces de Pierre, qui versa des larmes après son reniement, et reprit son chemin en manifestant son amour au Christ, avec une appréhension compréhensible: "Tu sais bien que je t'aime" (cf. Jn 21,15-17).

Réconfortée par cette expérience, l'Église reprend aujourd'hui son chemin, pour annoncer le Christ au monde, au début du troisième millénaire: "Jésus Christ est le même hier et aujourd'hui, il le sera à jamais" (He 13,8). 

 C) L'évangélisation

"Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20).... C'est dans la conscience de cette présence du Ressuscité parmi nous que nous nous posons aujourd'hui la question adressée à Pierre à Jérusalem, aussitôt après son discours de la Pentecôte: "Que devons-nous faire?" (Ac 2,37).

Nous nous interrogeons avec un optimisme confiant, sans pour autant sous-estimer les problèmes. Nous ne sommes certes pas séduits par la perspective naïve qu'il pourrait exister pour nous, face aux grands défis de notre temps, une formule magique. Non, ce n'est pas une formule qui nous sauvera, mais une Personne, et la certitude qu'elle nous inspire: Je suis avec vous!

Il ne s'agit pas alors d'inventer un "nouveau programme". Le programme existe déjà: c'est celui de toujours, tiré de l'Évangile et de la Tradition vivante. Il est centré, en dernière analyse, sur le Christ lui-même, qu'il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l'histoire...  C'est un programme qui ne change pas avec la variation des temps et des cultures, même s'il tient compte du temps et de la culture pour un dialogue vrai et une communication efficace. Ce programme de toujours est notre programme pour le troisième millénaire.

Il est toutefois nécessaire qu'il se traduise par des orientations pastorales adaptées aux conditions de chaque communauté.

C'est dans les Églises locales que l'on peut fixer les éléments concrets d'un programme (...) qui permettent à l'annonce du Christ d'atteindre les personnes, de modeler les communautés, d'agir en profondeur par le témoignage des valeurs évangéliques sur la société et sur la culture.

J'exhorte donc vivement les Pasteurs des Églises particulières, aidés par la participation des diverses composantes du peuple de Dieu, à tracer avec confiance les étapes du chemin futur, en harmonisant les choix de chaque communauté diocésaine avec ceux des Églises limitrophes et avec ceux de l'Église universelle.

C'est donc une œuvre de reprise pastorale enthousiasmante qui nous attend.

Et tout d'abord je n'hésite pas à dire que la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral est celle de la sainteté.

Ce don de sainteté, pour ainsi dire objective, est offert à chaque baptisé.

Mais le don se traduit à son tour en une tâche, qui doit gouverner toute l'existence chrétienne: "La volonté de Dieu, c'est que vous viviez dans la sainteté" (1 Th 4,3). C'est un engagement qui ne concerne pas seulement certains chrétiens: "Tous les fidèles du Christ, quel que soit leur état ou leur rang, sont appelés à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité".16

Comme le Concile lui-même l'a expliqué, il ne faut pas se méprendre sur cet idéal de perfection comme s'il supposait une sorte de vie extraordinaire que seuls quelques "génies" de la sainteté pourraient pratiquer. Les voies de la sainteté sont multiples et adaptées à la vocation de chacun.

Il est temps de proposer de nouveau à tous, avec conviction, ce "haut degré" de la vie chrétienne ordinaire: toute la vie de la communauté ecclésiale et des familles chrétiennes doit mener dans cette direction. Il est toutefois évident que les parcours de la sainteté sont personnels...

Pour cette pédagogie de la sainteté, il faut un christianisme qui se distingue avant tout dans l'art de la prière.  

Il est nécessaire d'apprendre à prier, recevant pour ainsi dire toujours de nouveau cet art des lèvres mêmes du divin Maître, comme les premiers disciples: "Seigneur, apprends-nous à prier! " (Lc 11,1).

Réalisée en nous par l'Esprit Saint, elle nous ouvre, par le Christ et dans le Christ, à la contemplation du visage du Père. Apprendre cette logique trinitaire de la prière chrétienne, en la vivant pleinement avant tout dans la liturgie, sommet et source de la vie ecclésiale,17 mais aussi dans l'expérience personnelle, tel est le secret d'un christianisme vraiment vital...

Oui, chers Frères et Sœurs, nos communautés chrétiennes doivent devenir d'authentiques "écoles" de prière, où la rencontre avec le Christ ne s'exprime pas seulement en demande d'aide, mais aussi en action de grâce, louange, adoration, contemplation, écoute, affection ardente, jusqu'à une vraie " folie" du cœur. Il s'agit donc d'une prière intense, qui toutefois ne détourne pas de l'engagement dans l'histoire: en ouvrant le cœur à l'amour de Dieu, elle l'ouvre aussi à l'amour des frères et rend capable de construire l'histoire selon le dessein de Dieu.

Au vingtième siècle, spécialement à partir du Concile, la communauté chrétienne a beaucoup grandi dans sa façon de célébrer les sacrements, surtout l'Eucharistie. Il faut persévérer dans cette direction, en donnant une importance particulière à l'Eucharistie dominicale et au dimanche lui-même, entendu comme un jour particulier de la foi, jour du Seigneur ressuscité et du don de l'Esprit, vraie Pâque hebdomadaire.

Dans beaucoup de régions, les chrétiens sont, ou sont en train de devenir, un "petit troupeau" (Lc 12,32). Cela les met face au défi de témoigner plus fortement des aspects spécifiques de leur identité, et bien souvent dans des conditions de solitude et de difficultés. Le devoir de la participation eucharistique chaque dimanche est l'un de ces aspects. En réunissant chaque semaine les chrétiens comme famille de Dieu autour de la table de la Parole et du Pain de vie, l'Eucharistie dominicale est aussi l'antidote le plus naturel à la dispersion. Elle est le lieu privilégié où la communion est constamment annoncée et entretenue. Précisément par la participation à l'Eucharistie, le jour du Seigneur devient aussi le jour de l'Église,22 qui peut exercer ainsi de manière efficace son rôle de sacrement d'unité.

Il n'y a pas de doute que ce primat de la sainteté et de la prière n'est concevable qu'à partir d'une écoute renouvelée de la parole de Dieu.

"Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres" (Jn 13,35). Si nous avons vraiment contemplé le visage du Christ, chers Frères et Sœurs, nos programmes pastoraux ne pourront pas ne pas s'inspirer du "commandement nouveau" qu'il nous a donné: "Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres" (Jn 13,34).

Les paroles du Seigneur à ce sujet sont trop précises pour que l'on puisse en réduire la portée. Beaucoup de choses, même dans le nouveau siècle, seront nécessaires pour le cheminement historique de l'Église; mais si la charité (l'agapè), fait défaut, tout sera inutile. C'est l'Apôtre Paul lui-même qui le rappelle dans l'hymne à la charité: nous aurions beau parler les langues des hommes et des anges et avoir une foi "à déplacer les montagnes", s'il nous manquait la charité, tout cela serait "rien" (cf. 1 Co 13,2). La charité est vraiment le "cœur" de l'Église...

Faire de l'Église la maison et l'école de la communion: tel est le grand défi qui se présente à nous dans le millénaire qui commence, si nous voulons être fidèles au dessein de Dieu et répondre aussi aux attentes profondes du monde.

Qu'est-ce que cela signifie concrètement?... Avant de programmer des initiatives concrètes, il faut promouvoir une spiritualité de la communion.

Une spiritualité de la communion, cela veut dire la capacité d'être attentif, dans l'unité profonde du Corps mystique, à son frère dans la foi, le considérant donc comme "l'un des nôtres", pour savoir partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde. Une spiritualité de la communion est aussi la capacité de voir surtout ce qu'il y a de positif dans l'autre, pour l'accueillir et le valoriser comme un don de Dieu: un "don pour moi", et pas seulement pour le frère qui l'a directement reçu. Une spiritualité de la communion, c'est enfin savoir "donner une place" à son frère, en portant "les fardeaux les uns des autres" (Ga 6,2) et en repoussant les tentations égoïstes qui continuellement nous tendent des pièges et qui provoquent compétition, carriérisme, défiance, jalousies. Ne nous faisons pas d'illusions: sans ce cheminement spirituel, les moyens extérieurs de la communion serviraient à bien peu de chose. Ils deviendraient des façades sans âme, des masques de communion plus que ses expressions et ses chemins de croissance.

Cette perspective de communion est étroitement liée à la capacité de la communauté chrétienne de donner une place à tous les dons de l'Esprit. L'unité de l'Église n'est pas uniformité, mais intégration organique des légitimes diversités. C'est la réalité des nombreux membres réunis en un seul corps, l'unique Corps du Christ (cf. 1 Co 12,12). Il est donc nécessaire que l'Église du troisième millénaire stimule tous les baptisés et les confirmés à prendre conscience de leur responsabilité active dans la vie ecclésiale. À côté du ministère ordonné, d'autres ministères, institués ou simplement reconnus, peuvent fleurir au bénéfice de toute la communauté, la soutenant dans ses multiples besoins: de la catéchèse à l'animation liturgique, de l'éducation des jeunes aux expressions les plus diverses de la charité.

En particulier, il faudra découvrir toujours mieux la vocation qui est propre aux laïcs, appelés comme tels à "chercher le Royaume de Dieu en gérant les affaires temporelles et en les ordonnant selon Dieu",32 et aussi à assumer "leur part de la mission [...] dans l'Église et dans le monde [...] par leurs activités en vue d'assurer l'évangélisation et la sanctification des hommes"

Une attention spéciale doit être portée à la pastorale de la famille,... Dans la vision chrétienne du mariage, la relation entre un homme et une femme C relation réciproque et totale, unique et indissoluble C répond au dessein originel de Dieu, qui s'est obscurci dans l'histoire par la "dureté du cœur", mais que le Christ est venu restaurer dans sa splendeur originelle, en révélant ce que Dieu a voulu depuis" le commencement" (Mt 19,8).

Est-il possible que dans notre temps il y ait encore des personnes qui meurent de faim, qui restent condamnées à l'analphabétisme, qui manquent des soins médicaux les plus élémentaires, qui n'aient pas de maison où s'abriter?

Le tableau de la pauvreté peut être étendu indéfiniment, si nous ajoutons les nouvelles pauvretés aux anciennes, nouvelles pauvretés que l'on rencontre souvent dans des secteurs et des catégories non dépourvus de ressources économiques, mais exposés à la désespérance du non-sens, au piège de la drogue, à la solitude du grand âge ou de la maladie, à la mise à l'écart ou à la discrimination sociale. Les chrétiens qui regardent ce tableau doivent apprendre à faire un acte de foi dans le Christ et à déchiffrer l'appel qu'il lance à partir de ce monde de la pauvreté. Il s'agit de poursuivre une tradition de charité qui a déjà revêtu de multiples expressions au cours des deux millénaires passés, mais qui aujourd'hui requiert sans doute encore une plus grande inventivité. C'est l'heure d'une nouvelle "imagination de la charité", qui se déploierait non seulement à travers les secours prodigués avec efficacité, mais aussi dans la capacité de se faire proche, d'être solidaire de ceux qui souffrent, de manière que le geste d'aide soit ressenti non comme une aumône humiliante, mais comme un partage fraternel.

Pour cela, nous devons faire en sorte que, dans toutes les communautés chrétiennes, les pauvres se sentent "chez eux". Ce style ne serait-il pas la présentation la plus grande et la plus efficace de la bonne nouvelle du Royaume? Sans cette forme d'évangélisation, accomplie au moyen de la charité et du témoignage de la pauvreté chrétienne, l'annonce de l'Évangile, qui demeure la première des charités, risque d'être incomprise ou de se noyer dans un flot de paroles auquel la société actuelle de la communication nous expose quotidiennement. La charité des œuvres donne une force incomparable à la charité des mots.

Il est clair que tout cela devra être réalisé selon un style spécifiquement chrétien: ce sont surtout les laïcs qui seront présents dans ces tâches, afin de réaliser leur vocation propre, sans jamais céder à la tentation de réduire les communautés chrétiennes à des services sociaux.

Par le message chrétien, les hommes ne sont pas détournés de la construction du monde et ne sont pas poussés à négliger le bien de leurs semblables, mais bien plutôt ils sont liés de façon plus étroite par le devoir d'œuvrer dans ce sens.

..la tâche prioritaire ... est d'annoncer que c'est dans le Christ, "le Chemin, la Vérité et la Vie" (Jn 14,6), que les hommes trouvent le salut.

Avec ce souhait, j'envoie à tous, du fond du cœur, ma Bénédiction. 

3-Mot de la fin 

Voilà, Mon vénérable, et au meilleur de ma capacité, l'essentiel du message que le Saint Père nous a livré.  Je m'excuse si j'ai été un peu long, mais comme le Saint Père n'écrit pas pour ne rien dire, je me suis trouvé comme cet auteur français du moyen âge qui, dans une lettre à un ami s'est écrié: A Mon ami, je m'excuse si je t'ai écrit une longue lettre.  J'ai manqué de temps pour en écrire une courte@!... 

De la lecture attentive de la lettre apostolique du Pape, je retiens particulièrement son attachement à la prière et la valorisation de la charité sous toutes ses formes.  Il nous parle de la communion comme de la nécessité de faire preuve d'unité dans un monde où les chrétiens sont de plus en plus minoritaires, nous invitant ainsi à la fraternité et au partage.  Un peu plus, et il concluait par le patriotisme! 

Nul doute que comme laïcs engagés, ce message nous est directement destiné.  Les intéressés pourront prendre connaissance de la version intégrale du texte que je me ferai un plaisir de mettre à leur disposition. 

Merci de votre attention, 

Jean-Guy Léger

2001.01.15

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Révisé le 02 février 2001.